YVES BONNEFOY – Poesie da “Raturer Outre”
YVES BONNEFOY, Selezioni di traduzioni da Raturer Outre (Galilée, Paris, 2010)
Traduzioni di Jacopo Rasmi
La rivoluzione di notte
“Padre, non vedi che brucio?” Ma lui, no,
Lui lascia le porte sbattere, il fuoco avanza
Di corridoio in corridoio nel suo destino,
Non ci son più porte: solo fiamme.
Ed è vero: perché mai tutto questo desiderare
Ma senza potere? Aver voluto parlare
Ma senza frasi per dire? Avere rimpianti
Ma solo, senza che un altro abbia potuto capire?
L’oblio ha avvolto il poco che fu,
Mi parve che rifiutasse la speranza,
Voleva solo fuoco per i ceppi secchi.
Andavamo per strade, talvolta, la sera,
Rosse al loro culminare sul viale,
Ma non sapevamo nulla, non parlavamo.
La révolution la nuit
« Père, ne vois-tu pas que je brûle ? » Mais lui,
Non, il laisse les portes battre, le feu prend
De couloir en couloir dans son destin,
Il n’y a plus de portes, rien que des flammes.
Et c’est vrai : à quoi bon tant désirer
Mais sans pouvoir ? Avoir voulu parler
Mais sans phrases pour dire ? Avoir regret
Mais seul, et sans qu’un autre ait pu comprendre ?
L’oubli a recouvert le peu qu’il fut,
Il me parut qu’il disait non à l’espérance,
Ne voulait que le feu pour le bois mort.
Nous allions par des rues, parfois, le soir.
Rouge en était le bout sur l’avenue,
Mais nous ne savions rien, nous ne parlions pas.
Un ricordo
Sembrava molto anziano, quasi un bambino,
Se ne andava lentamente, la mano serrata
S’un lembo di stoffa zuppo di fango.
Gli occhi chiusi, però. Ah, creder di ricordarsi
Non è forse il peggior degli inganni,
La mano che prende la nostra per perderci?
Mi parve però che sorridesse
Già quasi inghiottito dalla notte.
Mi parve? No di certo, mi sbaglio,
Il ricordo è una voce spezzata,
Lo si sente male, anche chinandosi
E però ascoltiamo, e così a lungo
Che talora la vita passa. E la morte
Già nega ogni metafora.
Un souvenir
Il semblait très âgé, presque un enfant,
Il allait lentement, la main crispée
Sur un lambeau d’étoffe trempée de boue.
Ses yeux fermés, pourtant. Ah, n’est-ce pas
Que croire se souvenir est le pire leurre,
La main qui prend la nôtre pour nous perdre ?
Il me parut pourtant qu’il souriait
Lorsque bientôt l’enveloppa la nuit.
Il me parut ? Non, certes, je me trompe,
Le souvenir est une voix brisée,
On l’entend mal, même si on se penche.
Et pourtant on écoute, et si longtemps
Que parfois la vie passe. Et que la mort
Déjà dit non à toute métaphore.
Nessun dio
Nessun dio l’avrà voluto né saputo,
Nessuno l’ha accompagnato nella sua pena,
Un sogno, questo bambino sul viale
Che gli cammina accanto, cinto di luce.
Nessuno è morto all’ora in cui è morto,
Né gli ha stretto la mano tra le lenzuola sparse,
Nessuno avrà mai lavorato al suo fianco
Nella bottega che sostituì la vita.
Risale, nelle parole che dicono il mondo,
Il suo silenzio, che le nega, che mi chiede
D’immaginarne altre, ma non posso.
Nessuno ha posato su di lui il suo sguardo.
Ciò che avrebbe potuto essere non sarà.
La parola non salva, talora sogna.
Aucun dieu
Aucun dieu ne l’aura voulu, ni même su,
Aucun ne l’a accompagné dans sa fatigue,
Un rêve, cet enfant sur le boulevard
Qui marche près de lui, ceint de lumière.
Aucun n’est mort à l’heure où il est mort,
N’a pris sa main dans les draps en désordre,
Aucun n’aura jamais travaillé près de lui
Dans l’atelier qui remplaça la vie.
Remonte, dans les mots qui disent le monde,
Son silence, qui les dénie, qui me demande
D’en imaginer d’autres, mais je ne puis.
Personne n’a posé son regard sur lui.
Ce qui aurait pu être ne sera pas.
La parole ne sauve pas, parfois elle rêve.